La formation professionnelle de retour sur le chemin du face à face
La Ligue de l’enseignement est partenaire de Trajectoire Formation pour les formations professionnelles BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport) Le 11 mai 2020, la formation professionnelle est de retour à la Ligue de l’enseignement FOL 70 après 56 jours d’absence. En effet, pas moins de 8 promotions sont en formation lorsque le confinement est annoncé le 13 mars 2020 dont deux à Vesoul. Une réorganisation a permis de maintenir la continuité de la formation professionnelle pendant cette période.
Il a été rapidement décidé de maintenir tous les temps de formation prévus en transformant le « présentiel » en « distanciel ». Les formateurs concernés ont envoyé des consignes de travail aux groupes qu'ils devaient animer, FOAD (formation organisée à distance): les stagiaires ont des écrits à produire, sur lesquels les formateurs font des retours à la fois collectifs et individuels. Cette formule est utilisée depuis quelques années, en passant simplement par la messagerie électronique ou en recourant à des outils spécifiques. Sa limite est celle de son interactivité : les échanges se font au mieux au rythme des échanges de mails...
La situation sanitaire a vu naitre une réflexion sur ce mode de formation à distance. Pour faciliter la communication entre l’équipe de formateurs, avec les stagiaires, un outil « discord » a été mis en place pour permettre : - d'échanger rapidement entre eux, pour répondre aux questionnements
- de garder le lien entre l’équipe, et entre les stagiaires
Une solidarité entre les stagiaires ont permis à tous de maitriser l’outil. Certains des plus habitués à ce genre d'outil ont guidé les moins habiles et des solutions ont été trouvées pour venir en aide aux participants les moins bien outillés. C’est une période où l’on doit faire preuve d’ingéniosité, de solidarité et de motivation.
Cette forme très interactive de FOAD a permis de conserver les dynamiques des formations. En particulier, elle s'est révélée favorable à « l'entrée en écriture » et à l'accompagnement des stagiaires dans leurs productions écrites. Elle s'est aussi traduite par la création d'espaces certes virtuels mais également conviviaux et chaleureux pour continuer à faire vivre (et, par certains aspects, conforter) les collectifs que constituent les promotions.
Un rythme d’une FOAD par semaine a été organisé sur une journée ou, souvent, sur deux demi-journées pour chaque promotion. Petit à petit, de nouvelles pratiques pédagogiques ont été expérimentées, de nouveaux supports élaborés, des erreurs et des réussites ont enrichis la réflexion... Une chose est maintenant certaine : la fin du confinement n’est pas « un retour à la normal ». Un partenariat avec le conseil départemental a permis d’accueillir les stagiaires dans des locaux pouvant permettre la distanciation sociale et un protocole sanitaire strict est suivi. Mais il en sortira peut-être, aussi, une société humaine plus consciente d'elle-même, hiérarchisant mieux ses priorités et plus fraternelle.
Témoignage d'une stagiaire sur le confinement: Aurélie Houllier BPJEPS AS :
Nous sommes dimanche, les vacances scolaires sont là, tout pourrait sembler normal mais en réalité, rien ne l’est vraiment. Nous en sommes à un peu plus d’1 mois de confinement maintenant et comme toutes mes séances de travail depuis le début du confinement, j’écris ces quelques lignes depuis ma cuisine.
À la fin de la première semaine, entre réorganisation familiale, le rythme de 1 FOAD / jour, à jongler entre les mails, les différents applis pour le travail scolaire de mon ado, les appels vidéo de la famille, des potes etc. j’ai simplement cru que mon cerveau allait préférer se confiner ailleurs que chez moi.
Puis, j’ai trouvé mon nouveau rythme, et les réponses apportées à nos questionnements m’ont rassuré sur certains points comme la rémunération et surtout la continuité de la formation.
La cadence, moins soutenue, d’une FOAD / semaine permet de souffler un peu entre deux et m’occuper d’autres choses et l’arrivée de l’outil discord pour gérer les FOAD à permis une fluidité et une sorte de "proximité" que les mails empêchaient par leur caractère "trop sérieux"(qui irait mettre un gif de nounours souhaitant bon week-end après le Cordialement d’un mail ?) .
Et puis, de voir les noms de tous, stagiaires, formateurs, les équipes de trajectoire formation, de la FOL70 … tous à la portée d’un clic et bien, ça m’a rassuré, non je n’étais pas seule, en galère derrière mon écran avec mes doutes, mes questions.
Et oui la formation continue bel et bien et malgré tout, certes autrement, ok peut-être pas de manière optimale mais les FOAD proposées me font avancer sur mes réflexions, sur mes projets. En parallèle, j’ai la chance d’être toujours en contact avec l’équipe de ma structure d’alternance et de réfléchir avec eux à des solutions pour améliorer la fin de ce confinement et de penser à comment nous allons gérer l’après.
La situation est comme elle est et il ne sert à rien de se battre contre çà. La capacité à s’adapter aux situations est une des compétences qu’un animateur se doit d’acquérir.
Alors je continue d’avancer dans ma formation, en acceptant les mieux et les moins bien, les jours où le moral va et ceux où je resterais bien au fond de mon lit, les jours où je suis productive et ceux où je ne fais rien à part traîner en pyjama devant mes séries TV, en acceptant d’avoir peur ou d’être en colère parfois, parce que être bienveillant envers soi s’est accepter tout çà, parce que c’est normal.
Je fais avec, et je fais le choix de vivre cette épreuve comme une expérience qui me permettra d’avancer dans l’après avec une façon de voir ou de concevoir différente.
Laurent Gounelle a écrit dans un de ces livres : "La vie est ainsi : on réalise rarement dans l’instant que les moments difficiles ont une fonction cachée, nous amener à grandir."